Les mots d'une mère...
La politique n’est pas forcément une sinécure pour ceux qui en font. D’une part, parce que le « métier » n’est pas toujours facile, mais surtout parce que les citoyens ont tendance à mettre tous les politiques, femmes comme hommes, dans le même sac !
En succédant à MAM, Sylviane Alaux avait devant elle de redoutables obstacles…
Ainsi, après avoir bénéficié d’un état de grâce bien compréhensible, après avoir été montré « comme la camarade qui a fait tomber MAM » (y compris lors d’une visite d’un haut dignitaire du nouveau régime tunisien à l’Assemblée), Sylviane Alaux avait à trouver sa place entre une Colette Capdevielle, députée-technicienne de grande envergure, et la brillante et charismatique Frédérique Espagnac.
Pas facile…
Nous avons relayé, il y a quelques semaines, son manque « d’empressement » à intervenir dans l’hémicycle (depuis elle est intervenue trois fois, dont acte) et on la disait parfois plus préoccupée à penser à son « parachutage » pour les municipales de 2014 qu’à son travail de parlementaire.
Pourtant… Pourtant, Mme Alaux a su relayer, avec une humanité pleine de dignité et de sage fermeté (ce qui définit bien son style, finalement…), ce que beaucoup de parents, d’amis, d’enfants de couples homosexuels encaissent lors de ce débat du « mariage pour tous », rebaptisé par la Droite « Mariage homosexuel » pour ne pas dire « Mariage des PD » !
Avec courage – oui courage –, Sylviane Alaux a donné de la voix dans ce débat face à une opposition de Droite, dont la grande majorité ne s’est pas grandie dans ces débats… Et encore, on ne vous a pas rapporté les noms d’oiseaux, les insultes, les propos homophobes, constamment lâchés en coulisses par certains parlementaires, comme ont pu me les répéter des députés (de Gauche, mais aussi Centristes) qui les ont entendus ! C’est à frémir…
Son texte – écrit avec le talent de la plume de son brillant assistant Maxime Poisot (on sait que Maxime est un garçon rare, un artiste, un vrai magicien des mots…) – a visé juste. C’est un texte important car il dit clairement, dignement, avec une rare sobriété lumineuse, ce qui n’avait pas encore été dit. Sylviane Alaux a laissé parler son cœur avec une poignante clairvoyance que je souhaite à bien des élus. Une dignité qui, justement, rend de la dignité à ceux qui n’ont pu s’exprimer et qui ont dû subir. Elle s’est montrée exemplaire. Exemplaire, en tant que femme, en tant que femme politique et en tant que mère.
Chaque mot est sorti de son cœur. On y voit la conscience et l’intelligence d’une maman, les traces des blessures de l’intolérance et une faculté parfaite de ne surtout pas se mettre au niveau de ceux qui sont bien indignes de ce qu’est la République, écharpe tricolore ou pas…
En quelques dizaines de lignes, Sylviane Alaux a donné une grande leçon de fraternité que certains ne voudront pas recevoir. Peu importe…
Ce discours est beau, et non seulement beau, il est bon. Il est LE discours d’une femme qui honore une « communauté » (bien que je n’aime pas ce mot…). Il est surtout le discours d’une élue de la République qui honore la République. Ce sont des paroles d’une élue, d’une femme juste.
Merci, Madame.