Laïcité à plusieurs vitesses (suite)
Je ne me doutais pas que mon dernier « Bloc-Notes » déchainerait une telle avalanche de réactions, les unes m’appuyant, les autres baignant dans une véritable soupe aux aigreurs. Cette dernière fleure bon les sites consacrés à « la laïcité, portant un regard critique sur la société » ou les rancœurs d’un ancien « acteur » malheureux de notre hebdomadaire.
Ainsi, C. J. me situe volontiers dans « la famille de ceux qui allument les bûchers (…) et m’accuse de « distiller sans preuves mon poison et de salir notre journal ». Pas moins !
Tout cela pour avoir constaté dans ce « Bloc-Notes » incriminé que « les fêtes de la Nativité ramènent chaque année leur lot de mise à l’écart volontaire des fondements les plus authentiques de notre civilisation européenne, en premier lieu de nos millénaires racines chrétiennes. Une négation souvent, hélas, accompagnée de profanations diverses de nos églises et de nos lieux les plus sacrés »…
En réponse à ce distingué correspondant, je réitérerai mes commentaires parus le 25 mai dernier sous le titre « Christianophobie, quand tu nous tiens », à propos la présentation du dessin animé « Gartxot » censé pourfendre les méfaits de la religion au XIIe siècle, époque des « obscures profondeurs de la christianisation » quand l’Eglise manifestait « l’impérieuse volonté de réduire les cultures différentes à néant et de soumettre les peuples libres ». … Je rappelais alors que cette « bouleversante description des méfaits de la religion » au Pays Basque aurait mieux fait de s’exercer - tout comme les indignations de C. J. - contre les exploits de la révolution (qui a déporté la population labourdine en 1794) et ceux des « hussards noirs de la république » (qui ont combattu sans pitié l’euskara à l’école)... Alors que beaucoup de curés avaient maintenu, envers et contre tout, l’usage de la langue basque dans les prêches, le catéchisme et, plus tard, dans la liturgie (grâce aux Bénédictins de Belloc). Sans compter tous les religieux qui ont participé à la sauvegarde du vocabulaire basque qui se perdait et de la linguistique (chanoine Lafitte), des coutumes et de l’anthropologie (abbé Barandiaran) de la musique et des chants (Père Donostia), l’action culturelle en faveur du souletin (abbé Roger Idiart), et combien d’autres depuis des siècles ! Encore aujourd’hui, il suffit d’assister à la messe dominicale dans un village d’Amikuze pour s’immerger dans un bain d’euskara. Et de lire « Herria » : fondé par le chanoine Lafitte et maintenu à bout de bras pendant des décennies par l’Abbé Larre, il est encore aujourd’hui, dans nos provinces du Nord, le seul hebdomadaire entièrement édité en langue basque. Quant aux abbés de Roncevaux qui sont chargés de tous les péchés du monde (dans « Gartxot »), on semble avoir oublié que les religieux navarrais étaient à l’origine de la plantation du vignoble d’Irouléguy dans leur prieuré du même nom. Mais peut-être, mon honorable correspondant préfère-il à notre bon vin basque quelque alcool dur frelaté ou, mieux, des salles de shoot comme le suggèrent à l’occasion quelques (basses) officines « libre-pensantes » ? C. J. me situe volontiers dans « la famille de ceux qui allument les bûchers ». Je lui rappellerai à ce sujet que ceux qui ont été allumés en 1609 pendant les procès dits de sorcellerie en Labourd étaient dus non pas à l’Eglise ni à l’Inquisition mais bien à un magistrat d’origine basque du Parlement de Bordeaux (Rostéguy – de Lancre), sans doute, entre autres, afin de détourner les pêcheurs basques de la traite des fourrures au Canada, concurrente du monopole que voulaient y imposer les nouveaux-venus de France, encouragés par Henri IV. Et ces « bûchers » ont pris fin grâce à l’intervention auprès du roi de l’évêque de Bayonne, Bertrand d’Echaux… Je rappellerai également à C. J. qu’actuellement, le nombre de Chrétiens persécutés dans le monde oscille entre 100 et 150 millions d’âmes, chiffre en hausse constante qui fait du christianisme la religion la plus persécutée. D’après les dernières statistiques, « un chrétien meurt toutes les 5 (cinq) minutes » alors que « sur 131 pays de culture chrétienne, il n’y en a pas un seul où la législation sur la liberté religieuse laisse à désirer ».
D’ailleurs, parfois le laïcisme est pire que l’islamisme… Ainsi le président égyptien Mohammed Morsi vient de présenter au patriarche Tawadros II et à la communauté copte ses vœux de joyeux Noël. Il avait envoyé un représentant officiel, le diplomate (et ancien porte-parole d’Al Azhar) Mohammed Rifaa El-Tahtawi à la messe de Noël célébrée par le patriarche en la cathédrale Saint-Marc du Caire dans la nuit du 6 au 7 janvier.
Ce n’est pas en France qu’on verrait ça… En France où le Chef de l’Etat, dans un message posté sur le site de l’Elysée, « souhaite que cette fête du pardon, du partage et du souci de l’autre, contribue à la concorde, dont notre Nation a tant besoin »… Rassurez-vous, pas pour le Noël chrétien, mais « à l’occasion de ses vœux de bonheur, de santé et de réussite adressés aux musulmans de France pour l’Aïd-el-Fitr, qui consacre la fin du mois de Ramadan ».
En précisant dans le même message, sans sourciller, que « la laïcité, qui assure la liberté de conscience comme elle garantit la liberté religieuse, demeurera indéfectiblement la règle de notre République » (http://www.elysee.fr/communiques-de-presse/article/message-du-president-de-la-republique-a-la-communaute-musulmane-a-l-occasion-de-la-fete-de-l-aid-el-fitr/ ). En revanche, ce fut « silence radio » pour les chrétiens, à Noël…
Je persiste et je signe : à cette fausse laïcité, je préfère, en matière de « philosophie de la vie », l’heureuse – et pimentée - devise des Ezpeletar qui ont gravé dans la pierre : « Euskaldun, fededun ta biperdun » !
Le 17/01/2013 à 20h07
Le 17/01/2013 à 16h52
Le 17/01/2013 à 14h06
Le 17/01/2013 à 11h52
Le 17/01/2013 à 10h30
Le 16/01/2013 à 20h45
Le 16/01/2013 à 19h48
Le 15/01/2013 à 12h43
Le 14/01/2013 à 17h42
Le 14/01/2013 à 17h27