Du cheval au halal, les vrais risques sanitaires
Dans mon dernier « Bloc-Notes », j’évoquais des « vaches maigres pour la culture » à la suite des resserrements des crédits d’Etat au Ministère de la Culture susceptibles de mettre en péril jusqu’à l’existence de l’Orchestre Régional Bayonne-Côte basque et rejeter à une date inconnue la réouverture du Musée Bonnat à Bayonne en rendant incertain le financement des travaux de rénovation d’une institution phare de notre région. En revanche, à défaut des boeufs gras dont les révolutionnaires de 1789 avaient interdit les joyeux défilés en période de Carnaval, ce sont des « vaches grasses » auxquels semblent rêver certains responsables de l’industrie agro-alimentaire en déposant à la préfecture des demandes d’agrément pour réaliser des abattages rituels au profit des abattoirs d’Anglet (géré par Arcadie) et de Saint-Jean-Pied-de-Port (« La Semaine » du 2 juillet 2012). Notre journal avait alors interrogé Barthélemy Aguerre dont la réponse avait « le mérite d’être claire » à défaut d’être rassurante. Interrogé sur les manifestations organisées la veille à Anglet et à Pau par des associations opposées à ces pratiques afin « d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur la souffrance des animaux et les risques sanitaires avérés liés à l’abattage sans étourdir les animaux ». Le président d’Arcadie Sud-ouest avait alors répondu : « Ce n’est pas Brigitte bardot qui décide si on fera ou non de halal à Anglet (…) L’abattage halal à Anglet, qui ne concernera que le mouton, a été décidé parce que je ne vois pas pourquoi on continuerait de laisser notre clientèle musulmane acheter leur produits halal en Espagne comme elle le fait aujourd’hui. Nous pouvons leur fournir, il faut donc le faire, ce serait complètement anachronique de nier cette logique économique ». L’ouverture de l’abattoir au hallal offre aussi une double facette, poursuivait l’enquête de « La Semaine » : permettre d’écouler le stock de Lur Berri, (actionnaire de 43% des parts d’Arcadie Sud-Ouest) qui n’arrive pas à travailler sur toutes ses bêtes. Il est intéressant de comparer ces arguments d’une dépêche de l’AFP publiée ce jeudi matin sous le titre « Chez Lur Berri, maison-mère de Spanghero, un certain divorce avec la base » L’AFP a interrogé « Édouard Exilard, installé à Lohitzun en Soule et dont le grand-père puis le père ont été adhérents de Lur Berri, qui avoue ne pas comprendre la stratégie actuelle. Les bénéfices sont utilisés à la prise de participation dans des SA tous azimuts, bien loin de notre coeur de métier. La coopérative délaisse nos outils de travail. Dans les années 2000, nous possédions un abattoir à Saint-Palais, proche de nos exploitations. Lur Berri l’a laissé dépérir jusqu’à le supprimer. 360 adhérents ovins, sauf un, étaient contre. Une coopérative est faite par et pour les agriculteurs. Aujourd’hui, le système est complètement fou. Lur Berri achète et commercialise de la viande provenant de toute l’Europe, à bas prix et tire les prix vers le bas, se lamente-t-il : la base n’est plus écoutée ». Dans cette dépêche datée du jeudi 21 février, L’AFP a également interrogé Dominique Etchepareborde : « Après le scandale sur la viande de cheval vendue par Spanghero et présentée comme du «minerai» de boeuf, nous avons découvert ce transit incroyable et inexplicable de ce minerai (...) alors que Lur Berri avait les moyens avec notre production du Sud-Ouest, de proximité, de relancer Spanghero, s’insurge le secrétaire du CE ». Un « chevalgate » qui met en question la traçabilité de la viande. Or, il n’y a pas que l’aspect « cruel » de cette méthode d’abattage « rituel » : aux dires des associations et fondations « animalières » opposées, elle inflige de très grandes souffrances aux animaux égorgés en pleine conscience, leur agonie peut durer jusqu’à 14 minutes, et l’on peut s’interroger sur la non-sensibilisation de personnalités tel l’acteur Jean Rochefort, par ailleurs entré au comité d’honneur de l’Alliance Anti-corrida. Mais, autant, les risques sanitaires paraissent minces concernant la « tromperie » de la viande de cheval à la place du boeuf dans les surgelés Findus, en revanche, des risques graves pour la santé paraissent avérés. Ainsi, depuis que l’affaire Findus a remis sur le tapis la question de la traçabilité de la viande, le site d’information « Atlantico » a interrogé sur « le respect des principes d’hygiène dans le cas d’abattages rituels » Frédéric Freund, juriste chargé de cours à l’Université de Franche-Comté, et Patrick Dehaumont, inspecteur général de la santé publique vétérinaire et directeur général de l’alimentation au ministère de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Il en ressort, entre autres, que « dans le cadre des abattages rituels juifs, les parties arrières des animaux ne sont pas consommées. De même, après inspection de la carcasse par le sacrificateur, il se peut que l’animal soit refusé en entier. Dès lors, que devient cette viande jugée «religieusement impropre » à la consommation ? Elle est dirigée vers les circuits «classiques» et approvisionne boucheries, hypermarchés et restaurants. Ce constat peut également être établi pour l’abattage rituel musulman : la consommation musulmane, principalement pour des raisons économiques, porte sur les avants et les abats. Mais une partie de la viande halal, non achetée par les communautés musulmanes, est alors dirigée vers les circuits classiques de distribution. C’est ce que les professionnels appellent «la complémentarité » des circuits. Dans un courriel à propos de l’enquête de « La Semaine » déjà citée, notre lecteur Alexandre B. précisait : « Autre problème : le danger de la viande hallal qui présente des risques sanitaires de type e-coli. Dans un article du Point du 21/2/2012, intitulé « «Où est donc passé le principe de précaution?», Michel Courat, vétérinaire, confirme les risques de contamination de la viande hallal. « En théorie, on demande aux abatteurs de procéder au «parage», c’est-à-dire de retirer, à l’aide d’un couteau, toute la partie de la coupe qui aurait pu être souillée. Mais, dans la pratique, cela représente une perte de profit considérable. Cette étape a donc tendance à passer à la trappe. Elle est souvent remplacée par un jet d’eau, ce qui est encore pire : au lieu de retirer les potentielles bactéries ,vous étalez le risque de contamination à l’ensemble de la carcasse et créez un brouillard, un spray en quelque sorte, qui est, pour le coup, très chargé en bactéries. » http://www.lepoint.fr/societe/ abattage-halal-ou-est-donc-passe- le-principe-de-precaution-21-02- 2012-1433680_23.php Un reportage du 11-03-2012 sur France 5 intitulé : « Les dangers sanitaires du mode d’abattage sans étourdissement halal/ casher 11-03-2012 » révèle que cent enfants meurent chaque année en France de bactéries pépites et notamment de l’escherichia coli, et beaucoup d’autres sont handicapés à vie (dialyse, etc). Pour en revenir à l’enquête d’« Atlantico », le site se demande : « à partir du moment où les musulmans ont le droit de savoir si leur viande est bien halal, les non-musulmans ne devraient-ils pas être eux aussi informés ? Car, si nul ne peut raisonnablement critiquer le fait que les fidèles musulmans et juifs souhaitent consommer de la viande provenant d’animaux abattus selon leurs préceptes religieux (des circuits de distribution spécialisés et un étiquetage informatif « viande halal », viande casher », sont mis en place, en revanche, il est inacceptable, au regard des textes assurant la liberté de conscience et de religion, que 7 % de la population française (6 % de la population française seraient de tradition musulmane et le judaïsme concernerait 1 % de ladite population selon les chiffres cités par le rapport de la Commission de réflexion juridique sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics) imposent un rite religieux d’abattage à 93 % de nos concitoyens ». La bonne solution Le scandale « Spanghero » qui s’étend à l’Europe et au-delà contribuera-t-ilenfin à instaurer un étiquetage honnête de la viande – et des autres produits – que nous consommons ? Pour ma part, il y a longtemps que j’ai choisi les magnifiques veaux de mon voisin Jean-Michel Etchegaray, éleveur converti à l’agriculture biologique et adhérent de l’association Biharko Lurraren Elkartea, « qui soigne son troupeau aux huiles essentielles (aromathérapie) et aux plantes (phytothérapie)» selon la belle interview que vient de lui consacrer mon confrère Richard Picotin dans « Sud Ouest » (Jean-Michel Etchegaray, tél 05 59 65 75 00 ou ).