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Ville lumière... Grande misère...

Publié le 11/10/2012, dans Les chroniques de La Semaine | par La Semaine du Pays basque
Ville lumière... Grande misère...

Dimanche 30

Ville lumière... Grande misère...


Il suffit de prendre un autobus à Paris qui traverse la ville, au lieu du métro, pour être touché par la beauté éternelle de cette ville. On comprend que Paris soit une des plus extraordinaires destinations touristiques, tant la cité est magnifique (particulièrement la nuit divinement éclairée) et tant les loisirs y sont nombreux, divers, variés. Qui peut s’ennuyer à Paris s’il aime la culture ou la nature ? Car on l’oublie, nous autres provinciaux, mais Paris est aussi une ville jardin où l’on découvre des choses extraordinaires comme le Jardin des plantes où j’ai été passer un bel après-midi. Les collections de plantes et de fleurs sont fantastiques, les bâtiments majestueux et la ménagerie ˗ quoi qu’en peu vieillotte ˗ charme encore les bambins qui s’y précipitent...

Paris c’est bien la beauté, le prestige, et l’exemple même de la réussite d’une civilisation ! En ce mois de septembre où j’ai foulé les épaisses moquettes du Sénat et de l’Assemblée nationale, contemplé les ors de la République, apprécié le calme et la volupté de ces maisons, l’extrême organisation et courtoisie de ceux qui les font marcher comme un mécanisme d’horlogerie suisse, cela m’encouragea à penser que notre pays est encore une grande nation. Et que tout n’est pas aussi gris, en France, que l’on veut nous le dire !

Mais... A côté de ce Paris de la beauté existe un autre Paris. Et j’ai comme la sensation qu’il prend de plus en plus de place... Ce soir, en quittant des amis après un dîner Place de la Bourse, j’eu l’idée de rentrer à pied. Après la rue Vivienne, en empruntant une charmante petite rue où vécut Colette, vous pénétrez dans les jardins du Palais Royal. Là, la galerie bâtie sous les arcades vous permet de rejoindre la Place de la Comédie française.

Beau jardin, belle architecture, mais aussi beaucoup de misère. Par dizaines, de pauvres hommes couchés tout le long des devantures des magasins qui donnent sur les arcades. Des cartons, des sacs plastiques, des couvertures et pour les plus « heureux » des duvets servant de couche. Comme un immense dortoir de la misère, bien calme, bien sage où les malheureux se regroupent pour dormir dans le plus grand des dénuements. Qui sont ces dizaines d’individus ainsi réfugiés dans ce lieu pourtant prestigieux de la Capitale ?

J’ai traversé toute cette misère, seul, comme un fantôme dans le Palais de la misère. Je peux vous assurer que la sensation que vous ressentez est terrible. Et c’est là, dans ces moments de solitude et de réflexion, que l’on se demande comment une civilisation comme la nôtre doit concevoir le fait que l’on ne peut finalement rien faire contre une certaine misère ? Certains me diront qu’il y a bien des foyers, que personne n’est obligé de vivre ainsi... Mais est-ce bien la réalité ? Doit-on se résoudre à abandonner une partie des pauvres ainsi ? En les laissant livrés à leur sort dans la plus grande des indifférences.

Deux jours plus tard, dans la nuit, je vais me balader près des Invalides. Prestige, là aussi, de la France ! Au moment où j’arrive vers les pavillons de garde, le portail s’ouvre et une limousine, vitres noires, en sort. Le planton de service fait un impeccable salut. La voiture se glisse au milieu du trafic. Image de sérénité, de puissance. Mais juste un peu plus loin, devant les grilles qui protègent la résidence du gouverneur, un pauvre homme, allongé par terre, sur une bouche d’aération rejetant un peu de chaleur, sans même une couverture dort roulé en boule. Cela n’émeut plus personne. Je pense à ce nom « Invalides » où l’on devrait peut-être recueillir les « invalides » de la vie, de la société de consommation...

Il faudrait que cette misère partout présente dans Paris la resplendissante, et dans les autres villes de France, soit une grande « cause nationale » de notre pays ! Car c’est un sacré abandon de notre dignité de citoyen que de ne plus rien voir, ne plus rien dire... Sommes-nous vraiment dans un nouveau siècle de progrès ?



Mardi 2

SNCF : Les jolies chaussettes noires et mauves !


C’est bien la SNCF. Les contrôleurs sont désormais habillés en noir et en mauve. Ça donne du chic probablement, du fun même ! On veut faire « grande maison », on se croit revenu au temps de L’Orient Express ou des grands transatlantiques. Ceci dit, cela ne rend pas pour autant certains contrôleurs plus aimables... Pourtant les passagers sont bien gentils avec eux. Mais quand une vieille dame demande au contrôleur si le train pour son changement est sur le même quai, l’homme se voulant spirituel lui répond : « Oh vous verrez bien ! C’est pas dit ! Mais vous êtes pas si vieille que ça... Vous pouvez changer de quai ! » Elégant... grande maison, la classe des Chemins de fer français !

Mais bon, ce métier de contrôleur doit être épuisant. Dans le train qui me ramène de Bretagne, une contrôleuse et un contrôleur vont s’asseoir dans la partie des premières des TER. L’un sur les sièges du fond, l’autre sur les sièges juste devant. Je me dis qu’ils ne doivent pas s’aimer tous les deux pour s’asseoir l’un devant l’autre ! Mais non, car le contrôleur de devant, après un bâillement digne d’un joli hippopotame, enlève ses pompes et s’allonge comme une belle limace en travers de deux sièges, laissant juste dépasser ses chaussettes pour m’offrir ce doux spectacle !

Quand je vous dis que l’esprit SNCF est d’une élégance rare...

J’ai donc voulu immortaliser cet instant d’exception par cette photo, qui me permet ainsi d’apprendre que les contrôleurs maison ont aussi des chaussettes noires et mauves !

Sont-elles fournies par la SNCF ? Arrivé à destination, mon contrôleur s’est réveillé, a remis ses pompes et a pu reprendre son chemin...

Peut-être qu’un jour, où la climatisation sera en panne dans les wagons, je pourrais alors vous dire si on leur fournit aussi des strings bicolores assortis à leur uniforme !



Mercredi 3

Le temps des tomates du potager


Je suis, avec un certain intérêt, les péripéties des salariés d’ArcelorMittal, de monsieur Mittal, et de ce qui reste de la sidérurgie française ! La façon dont va la France, dont s’organise le monde (dans cette affaire comme dans d’autres...) me fait penser à la chose suivante : autrefois, dans notre jardin, l’on cultivait son petit carré de tomates !

Bien sûr, il fallait prendre son temps, apporter beaucoup de soin à nos plantations, les arroser, les traiter contre les maladies et se faire une raison les années de mauvaise récolte. Et puis on n’en mangeait pas des fraîches toute l’année, mais l’on pouvait toutefois en faire des conserves, vue l’abondante récolte !

Et puis, un jour, on nous a expliqué que tout cela était ridicule, car on trouve dans le commerce des tomates « parfaites » toute l’année et qu’il vaut mieux faire autre chose de notre vie et de notre temps...

Alors on a abandonné notre carré de tomates, on a laissé les mauvaises herbes le remplacer, et on va les acheter, sans plaisir, dans les supermarchés. Cependant, ces tomates « industrielles » n’ont pas le goût de celles d’antan et l’on se prend à les regretter... Et puis, vous avez vu les prix ! Elles sont médiocres mais deviennent de plus en plus chères !

Moi, figurez-vous, j’ai gardé mon carré de tomates ! Et je m’en félicite tout l’été... Et le reste de l’année quand j’ouvre un bocal. Alors, la France ne pourrait-elle pas garder son dernier « carré de sidérurgie », au lieu de tout bazarder ? Si l’on apprenait, à nouveau, à produire chez soi ce dont on a besoin...

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